L'enfant de 3 à 6 ans à l'école maternelle

Que se passerait-il pour un enfant nouveau né livré à lui-même, dont on assurerait les soins de vie, nourriture, hygiène, mais qu’on ne solliciterait d’aucune façon, qu’on isolerait du monde humain ?

Assurément, il mourrait.

(Cf « L’expérience interdite » de Psamtik, pharaon d'Égypte de -660 à -610, réitérée par Fréderic II de Hohenstaufen en 1211.)

Sans communication, sans ouverture au monde, sans contact ; pas de vie, pas d’humanité.

Mais comment le petit enfant apprend-il ?

De 0 à 3 ans l’enfant est très dépendant, mais il dispose de forces vitales qui guident son développement. Des réflexes archaïques observables dans les jours qui suivent la naissance le plus important perdurera : la succion qui assure l’alimentation.

Au contact des autres êtres humains, le nourrisson apprend par imitation. Du sourire réflexe à celui maîtrisé qui répond aux grimaces de ses proches, à l’éclat de rire, il va peu à peu exprimer ses émotions. Manifester ses besoins par des cris ou pleurs.

Des relations avec son environnement, il va tirer des expériences qui le mèneront à la station verticale, à la préhension volontaire, à la marche, au langage.

Il se construit comme individu, prend peu à peu conscience de son identité individuelle, il peut dire « je ». Tout ce chemin de vie se fait en intégrant les expériences vécues. D’où l’importance de ce qui sera apporté à l’enfant par son environnement, car en grandissant il retiendra ce qu’il aura rencontré le plus souvent. L’enfant fonde sa personnalité (cf l’excellent document sur la Plasticité cérébrale de Céline Alvarez).

À partir de 3 ans, l’enfant va pouvoir commencer à se construire socialement. L’entrée à l’école maternelle en est le symbole fort et une « première rentrée » est un moment souvent très attendu et préparé en famille. Tel un rite de passage, celui dans l’entrée du groupe de ses pairs. Durant ses années d’école maternelle, le jeune enfant va s’emparer du monde à sa portée pour tenter d’en comprendre le fonctionnement. Il va chercher à le classer, l’ordonner, établir des lois qu’il va éprouver pour résoudre les problèmes qu’il rencontre, déconstruire ce qui ne fonctionne pas pour essayer de nouveau jusqu’à être satisfait d’avoir atteint le but qu’il s’est fixé. Il passera alors à une nouvelle recherche et ainsi de suite… Tout ceci, il va le faire par l’expérience sensorielle. Il fait confiance à ses sens. Il va manipuler, toucher, soupeser, sentir, voir, entendre… et catégoriser ses perceptions. Il cherche à faire sien son environnement, c’est « l’esprit absorbant » de Maria Montessori à l’œuvre.

La clé de l’évolution de l’enfant, c’est le langage. Le langage qui va lui permettre de solliciter une image mentale, une représentation de ce qu’il connaît, de ce qu’il sait, de ce qu’il peut apprendre. Le langage construit est une des caractéristiques de l’être humain. Il se nourrit du langage des autres, il se construit si des conditions favorables sont offertes, si un étayage existe à travers la multiplication des expériences de communication, si un apport en vocabulaire est offert par l’environnement humain.

Le langage donne à l’enfant un pouvoir absolu, la clé qui lui ouvre le monde.

C’est ainsi que Maria Montessori a conçu une pédagogie nouvelle au sein de ce qu’elle appelle «l’ambiance» qui signifie tout autant la classe que l’atmosphère très particulière qui y règne.

Pour cela, elle s’est appuyée sur l’observation fine dans ses « maisons des enfants ». Elle y a constaté que les enfants avaient selon leur âge une sensibilité particulière à certains paramètres environnementaux plutôt qu’à d’autres. Ces différentes périodes elle les appelle «périodes sensibles». Chaque période permet à l’enfant des acquisitions de manière naturelle, sans effort, spontanément.

Pour favoriser les apprentissages, elle a donc créé un environnement préparé, un lieu qui permet l’émergence des capacités répondant à chaque période.

 

Mais c’est la définition d’une classe, non ? Mais oui, bien sûr !

 

Dans ce lieu, le matériel utilisé est adapté à la taille et à la force des enfants accueillis.

Jusque-là, nous sommes en parfaite adéquation dans nos écoles. À un détail près, si elle a banni les bancs fixes, c’est pour redonner la liberté de mouvement aux enfants. Bien sûr aujourd’hui les bancs ne sont plus vissés au sol ni aux pupitres. Mais nous usons de consignes tout aussi contraignantes.

Première mise en pratique : apprenons à libérer nos élèves des contraintes inutiles. Des injonctions délétères, parce qu’inaccessibles à leur âge. Cessons le dressage : assieds-toi, tais-toi, silence, arrête de bouger, ne touche pas... Tout cela parce que nous globalisons trop souvent ce que nous leur demandons, que nous proposons des activités collectives, la plupart du temps en groupes restreints, néanmoins imposés (tant le groupe, que l’activité). Portez alors votre regard vers les enfants qui transgressent, s’ils le font c’est la plupart du temps parce qu’ils se sentent contraints et désintéressés, noyés dans le groupe, éloignés des activités. Et maintenant intéressez-vous à ceux qui sont transparents, ces enfants silencieux, occupés à leurs lacets, à leurs trous de nez ou le regard dans le vide. Préoccupés, parfois ; étrangers à ce qui se passe dans la classe, souvent. Ces enfants pas concernés.

 

Comment les mettre tous sur la voie des apprentissages, comment leur donner les moyens de s’emparer de leurs capacités pour les guider vers leur propre progrès ?

Il faut apprendre à les libérer !

Là je vois certains faire la grimace… Si, si, si !

Ne vous méprenez pas !

En pédagogie Montessori les enfants ne sont pas libres de faire ce qu'ils veulent, mais libres de vouloir ce qu'ils font.

Donc ils le font avec envie, intérêt, concentration et confiance en eux. Et alors se produit le miracle. La classe s’apaise… hors la contrainte, naturellement.

Mais pour cela il faut une mise en place rigoureuse, une présence intense de l’enseignant et de l’ATSEM.

 

 

Bon, on s’y met ?

Écrire commentaire

Commentaires: 0